L’éditorialiste de Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan, évoque les tensions de plus en plus croissantes entre la Turquie et le reste du monde, y compris les pays européens, pour faire un constat : « Israël est désormais le seul ami de la Turquie ! »
Interviewé par Al-Mayadeen, Atwan affirme : « Le régime israélien est désormais le seul pays qui demeure l’ami et l’allié du gouvernement turc. Mais le point qu’il faudrait soulever est l’appartenance de la Turquie à l’OTAN. La Turquie est même l’un des pays fondateurs de l’Alliance atlantique et elle n’a d’autres choix que de rester alliée aux États européens ».
Atwan avoue ne pas bien comprendre le sens de certains propos tenus par Erdogan : « Certes, la discrimination et l’islamophobie existent en Europe, mais de là à vouloir envoyer trois ministres turcs en Allemagne et aux Pays-Bas sans que ces deux États soient d’accord, c’est une démarche inadmissible. »
Selon le célèbre analyste arabe, « la Turquie a aujourd’hui davantage besoin d’amis que d’ennemis ». Or, « le gouvernement turc a pris le chemin inverse ». Atwan a souligné qu’il y avait « quelque 36 milliards de dollars d’échanges annuels » entre la Turquie et l’Allemagne, « échanges qui, en cas de perturbation, auraient des impacts directs sur l’économie turque ». Surtout que « le taux de croissance en Turquie est tombé à 3 % et que la livre turque s’est dépréciée ». Et Atwan d’ajouter : « Et je suis amené à me demander avec quel pays au monde la Turquie entretient encore de bonnes relations ? Ankara s’est brouillé avec l’UE, avec l’Iran. Il n’est plus en bons termes avec l’Irak et l’Égypte et il a des problèmes avec le reste du monde. Il n’y a qu’Israël avec qui il s’entend à merveille. »
Plus loin, l’éditorialiste de Raï al-Youm a été interrogé sur l’émergence des courants d’extrême droite en Europe et il a dit : « Au moins 10 millions de musulmans vivent en Europe et leur situation pourrait être mise en péril si les partis d’extrême droite prenaient le pouvoir. Des milliers de musulmans d’origine turque résident en Allemagne et aux Pays-Bas. Les 27 pays de l’UE se sont dits solitaires des démarches anti-Ankara de l’Allemagne et des Pays-Bas et les manifestations à Istanbul autour du consulat hollandais et le fait d’arracher le drapeau de ce pays n’iront pas apaiser les tensions. »
Pour Atwan, la politique iranienne de la Turquie est fluctuante : « Ankara n’a cessé de changer de position dans sa politique vis-à-vis de l’Iran. Mais après chaque sursaut anti-iranien, les autorités d’Ankara ont été amenées à faire marche arrière. »